Rénovation d'un amplificateur DENTRON CLIPPERTON-L

Faisant suite à la modification d'un ampli Yaesu FL2500, j'ai entrepris une opération similaire pour un ami sur un amplificateur de marque DENTRON, modèle CLIPPERTON-L.

 

Il semble que la société, ayant "sponsorisé" l'expédition franco-helvetico-américaine de 1978 à Clipperton par la fourniture d'amplificateurs, a utilisé le nom de notre île pour une gamme d'amplificateurs. Je suis tombé en arrêt devant une épave en relativement bon état lors d'une brocante et j'ai put l'acquérir pour un prix raisonnable, sans les tubes déjà tombés aux champs d'honneur du Dx.

Cet amplificateur est très populaire outre-atlantique et de nombreux amateurs en vantent les mérites. J'ai aussi trouvé sur le net des descriptions de modification qui m'ont incité à entreprendre les travaux de rénovation.

 

En effet, le modèle CLIPPERTON-L est équipé de 4 triodes 572B, tubes difficiles à trouver et relativement chers. Ces tubes à chauffage direct ici montés horizontalement sont fragilisés par les déformations du filament dans cette position. On peut voir sur la photo figure 2 la couleur brune de la self de choc de plaque, provoquée non par la HF mais par la « cuisson » des tubes.

C'est donc sans scrupule que j'ai procédé au remplacement.

Fort de mon expérience avec le FL2500, je lui ai appliqué le même traitement, en l'équipant de deux tubes GI-7B.

L'alimentation

J'ai refait la carte alimentation car elle avait subit de nombreux outrages et les condensateurs étaient à changer. Cette alimentation est équipée d'origine d'un doubleur de tension qui fournit à vide 2400 V.

Cette tension est importante et nécessite donc certaines précautions.

J'ai trouvé sur Ebay des condensateurs neufs de 560 µf 420 V faisant parfaitement l'affaire. J'ai aussi trouvé sur le même site marchand des diodes 1N5408, 1000 V 3 A à 6 USD les 50 pièces pour remplacer les diodes existantes.

La carte de circuit imprimé simple face mesure 183x140 mm

J'ai réutilisé les résistances d'équilibrage des condensateurs de 100 KΩ présentes sur l'ancienne carte. J'ai aussi intégré sur cette carte les shunts et résistances de mesure du courant anodique et de la haute tension qui se trouvaient câblés à part.

J'ai aussi prévu deux supports de fusibles en série dans la sortie HT.

 

Echelle 1/1 183.5x140.3 mm

Circuit imprimé alimentation

Implantation carte alimentation

 

Comme sur le FL2500, j'ai rajouté un séquencement à la mise sous tension pour limiter l'appel de courrant.

Le relais de commande 220 Volts est un modèle sur support octal de récupération. Ce montage est incorporé sur le circuit imprimé de temporisation BT mais parfaitement indépendant.

 

echelle 1/1 73.6x140.3 mm

Circuit imprimé temporisation et séquencement

implantation temporisation

 

 

Par chance, l'enroulement de chauffage de 6,3 V sur le transformateur d'origine est réalisé deux fils en parallèles.

Comme il nous faut 12,6 V avec le tube GI-7B, il faut séparer ces enroulements pour les mettre en série. La tension de chauffage en charge étant un peu forte, j'ai rajouté une résistance de 0.5 Ω 10 W en série pour ramener la tension à 12,6 volts précisément.

La haute tension est présente sur le tube dès la mise sous tension mais la tension auxiliaire pour la commande du relais d'antenne n'est présente qu'au bout de 2 à 3 minutes pour laisser le temps aux tubes de chauffer.

Si cette temporisation vous semble trop faible, augmenter la valeur de C11 pour la passer à 150 µf par exemple. Il est important de ne pas passer en émission tant que les tubes ne sont pas bien chauds.

C'est un contact auxiliaire du relais d'antenne qui permet de débloquer le tube en passant sa polarisation de cathode à la valeur nécessaire pour la classe AB.

 

 

J'ai rajouté comme sur le FL2500 un système de commande du ventilateur avec un thermostat 65°C normalement ouvert qui maintient la ventilation après la mise hors tension de l'amplificateur.

Comme l'interrupteur principal est unipolaire, j'ai utilisé des relais statiques « REEDAC » de récupération, en fait des triacs commandés par un relais REED basse tension assurant isolation galvanique. De nombreux modèles existent dans le commerce. Le ventilateur est commandé uniquement par la tension de chauffage du tube et se déclanche donc quelques temps après la mise sous tension et se coupe quelques temps après la mise hors tension, les tubes alors parfaitement froids.

Le ventilateur d'origine était en 120 V, je l'ai remplacé par un modèle PAPST 220 V. Choisir un modèle assez puissant, au moins 100 m3/h.

J'ai monté une résistance de 100 Ω en série ainsi qu'un deuxième REEDAC qui la court-circuite lorsque le PTT est actionné. Ceci permet de diminuer la vitesse de rotation et donc le bruit en période de réception et d'accélérer le refroidissement en émission. Ajuster si besoin la valeur de cette résistance en fonction de la vitesse et du débit obtenus.

Les transfos américains semblent prévus pour fonctionner en 60 Hz et ils ont une fâcheuse tendance à ronfler en 50 Hz. Cela est sans conséquence autre que pour les oreilles. Le voyant vert ne s'allume qu'à la fin de la temporisation, mais les deux ampoules du microampèremètre le sont dès la mise sous tension. Le voyant rouge ne s'allume qu'en émission si l'interrupteur OPT/STBY est sur la position OPT. Les ampoules d'origine étant grillées, j'ai trouvé par bonheur les mêmes dans mon « stock de guerre ». Sinon, je les aurai remplacées par des LED de couleurs appropriées, adaptées sur les supports existants de façon à ne pas changer l'aspect extérieur de l'amplificateur.

Par rapport au câblage initial, j'ai rajouté des gaines spirales sur les fils transportant des tensions dangereuses, 220 V et 2400 V.

La partie PA

Enlever les supports des anciens tubes et reboucher les trous par une plaque d'alu 8/10,mm de dimensions ad oc.

La self de plaque est repositionnée comme on peut le voir sur la photo ainsi que les condensateurs « doorknob » de découplage. Le condensateur de liaison au Pi de sortie est remplacé car sa valeur d'origine de 1nf et notoirement insuffisante. Il faut au moins 3 à 5 nf avec un isolement de 5 KV minimum.

Il faut réaliser une nouvelle platine support pour les tubes ainsi que deux brides de fixation. Se reporter à la description du FL2500.

Le compartiment cathode doit être rendu étanche le plus possible pour assurer un bon soufflage forcé des tubes

Les clips de connexion aux anodes sont en laiton. Ne pas utiliser d'acier en présence de HF.

Les selfs de choc anodiques sont constituées de 3 tours de fil de cuivre argenté 12/10 mm, bobinés sur une résistance de 27 Ω 2 W. Celles visibles sur la photo qui comportaient 5 tours sur 47 Ω ont brûlées sur 28Mhz.

Le circuit d'entrée sur la cathode est des plus simple et fonctionne sans accord particulier sur toutes les bandes y compris les bandes WARC.

La self de choc de cathode a été rebobinée avec du fil émaillé 15/10 mm, deux fils en main. On aperçoit sur la photo la résistance de 0,5 Ω destinée à ajuster la tension de chauffage.

La self d'entrée comporte 6 spires de fil argenté 20/10 mm sur un diamètre de 12 mm. Elle n'est pas très critique.

Le circuit de polarisation est le même que pour le FL2500, seule la valeur de la diode zener D13 est à ajuster pour obtenir entre 100 et 200 mA de courant de repos. Ce courant est fonction de la tension plaque et la valeur de la diode zener se situe autour de 26Volts.

 

Le transistor de polarisation est monté directement, boîtier à la masse, sur le panneau arrière à proximité du relais d'antenne.

 

Réglages et mise en route

Se reporter à l'article sur le FL2500 et l'utilisation du MFJ259 pour vérifier les accords du Pi de sortie.

Attention, la tension de 2000 volts et très dangereuse.

Résultats.

Avec une tension de 2200/2400 V à vide soit 2000 V à pleine charge, la puissance de sortie en régime de porteuse est supérieure à 700 W pour un courant anodique de 600 mA. Une puissance d'entrée de 50 W et suffisante pour obtenir cette puissance de sortie.

Le rendement est le meilleur sur 7 Mhz où la puissance de sortie de 1000 W a été atteinte mais le régime est limite pour ces tubes.

A la lecture d'article sur le net (SM5FAN), il semble en effet que les valeurs du circuit en pi ne soient pas optimales sur toutes les bandes

Conclusion

Les tubes GI-7B s'avèrent d'une stabilité et d'une robustesse étonnante. Le rapport qualité prix est imbattable et le résultat assuré à 100%.

Pour un budget total ne dépassant pas les 300 Euros, qui inclus l'achat du linéaire et de 4 tubes (dont deux de rechange), j'ai redonné une nouvelle jeunesse à cet amplificateur qui va faire le bonheur d'un « Dxman » ami.

Ces deux articles montrent que l'on peut encore réaliser soi même des éléments de son équipement amateur pour accéder à des conditions de trafic assez QRO et ce sans se ruiner.

En effet, de nombreux amplificateurs des années 70 et 80 se trouvent sur le marché de l'occasion à de faibles prix. Ils sont très souvent équipés de tubes obsolètes mais comportent une base mécanique et une alimentation réutilisable.

 

Bon Dx

Lucien, F1TE

Août 2006